L’Udaf de la Drôme était présente au Forum régional de l’Uraf Aura.

Retour sur le Forum régional Aura

Une centaine de personnes étaient présentes à Lyon pour le forum annuel de l’Uraf Aura.

La délégation drômoise était composée des administratrices Christine GROSSEIN (DIACONAT PROTESTANT), Brigitte MENETRIEUX (MFR), Sylvie REVERBEL (APF-France HANDICAP– APEDA), des administrateurs, Hervé JARDIN (CARREFOUR DES HABITANTS), Louis SAADI (ADMR) et des directeurs Philippe LEGER, (Fédération ADMR 26) et Philippe ROBERT (directeur UDAF 26).

Que retenir de cette journée dense et riche en apports ?

Un état des lieux chiffré de la situation

• 73% des parents ont rencontré des difficultés de conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale dans l’année,
• 41% des parents ont réduit ou interrompu leur activité professionnelle pour s’occuper des enfants,
• 39% des parents ont maintenu leur activité par contrainte budgétaire,
• 23 % des parents travaillent à temps partiel parce que les frais de garde sont trop élevés,
• 42% des parents « bricolent » au dépens du travail dans la gestion des imprévus,

Ces chiffres sont issus de l’enquête de l’Observatoire des familles du réseau Unaf-Uraf-Udaf que nous a résumé, Jean Philippe VALLAT, directeur des études à l’UNAF.

Une mise en perspective de l’évolution de la famille

Pierre MOISSET, sociologue a brossé un bref historique issu de nombreuses recherches universitaires actuelles.

L’âge du familiarisme entre souci nataliste et arrivée des femmes sur le marché de l’emploi a laissé la place à l’âge du féminisme pendant lequel la charge de la conciliation emploi/famille concernaient seulement les femmes.

En ce moment, nous sommes dans l’âge du parentalisme, où se mêlent des parcours conjugaux chahutés, des modalités d’emploi eux aussi chamboulés (dérégulation de l’emploi) et un partage de la conciliation posé aux deux parents, avec une tension sur les horaires décalés. A noter une pression parentale forte.

A titre d’exemple, 30% des salariés de la fédération de l’ADMR de la Drôme sont des familles monoparentales.

La parentalité des salariés, ennemie des entreprises ?

60 % des personnes interrogées dans l’enquête de 2023 de la Fondation Jean Jaurès indiquent vouloir plus de temps libre et moins de rémunération.

Néanmoins, lors de son intervention, Philippe LEGER, directeur de la Fédération ADMR de la Drôme a rappelé que les obligations parentales sont inscrites dans la loi et sont donc à dissocier des autres temps comme le travail, l’engagement bénévole, le temps personnel.

En synthèse, il a été abordé l’importance du management, le côté fédérateur de la parentalité intra-entreprise.

Monsieur Philippe LEGER a évoqué l’expérimentation des équipes solidaires de proximité mises en place en Drôme.

Les parcours de vie à l’épreuve de la vie professionnelle

Ici, se pose la question de l’opportunité du retour à l’emploi avec notamment la place du temps partiel sur des postes mal rémunérés.

Le sociologue nous a rappelé toute la question de l’aspect public de la parentalité ou dit autrement comment la parentalité devient une œuvre sur la place publique à travers le travail. Il a insisté sur la question voire l’enjeu de la socialisation de la parentalité.

Cette socialisation a été illustrée à partir de trois exemples développés au sein du réseau URAF de la région Auvergne Rhône Alpes.

Le directeur de l’UDAF de la Savoie a expliqué comment une crèche AVIP (A Vocation d’Insertion Professionnelle) devient un levier pour des parents en recherche d’emploi ou en formation de faire basculer leur problématique de garde d’enfant dans la sphère publique. Pour lui, il résume l’intérêt de tel dispositif par « pas d’utilité commune à faire des différences entre les familles ».

Les cafés papote développés par l’association Jumeaux et Plus de l’Isère permettent de faire sortir cette parentalité sur la place publique. Ces moments offrent la possibilité aux parents de venir parler de la situation qu’ils traversent ou vont traverser auprès des équipes bénévoles de l’association. Ces rencontres se déroulent à l’hôpital. C’est une forme de pair-aidance de premier niveau a conclu Sarah MONTAUDON, coordinatrice pour l’Isère.

Au niveau des aidants, 40% décèdent avant la personne aidée, a rappelé Lydie PICHERIT, directrice de l’Udaf 03 qui chapeaute une plateforme Bulle d’R. C’est un public à la fois solide car inscrit dans une logique de rôle, et distant par rapport aux différentes aides dont ils pourraient bénéficier. Néanmoins, ces aidants sont vulnérables et ils peuvent être rapprochés des populations étrangères. Les plateforme aidants sont des moyens de socialiser leur place et de les sortir de la sphère familiale.

L’engagement bénévole est-il soluble dans le monde du travail ?

Brigitte MENETRIEUX, administratrice à l’Udaf 26 a présenté les résultats de l’enquête réalisée par l’Udaf de la Drôme en début 2023 sur l’articulation vie familiale, vie professionnelle et bénévolat auprès de son réseau d’adhérents. Elle a introduit le débat en indiquant que seul 20% des administrateurs du Conseil d’Administration de l’Udaf est en activité professionnelle avec des enfants mineurs.

Gilles EPALE, président du Mouvement Associatif AURA a rappelé que l’offre de sens ne suffit plus pour s’engager dans une société où le fait de s’engager pendant le temps de l’emploi est peu valorisé.

Pour sa part, Daniel PAYERNE BARON, président de l’AFIPH a parlé de l’importance de communiquer. Plus précisément, d’expliquer le travail fait au quotidien et de valoriser le militantisme.

Tous les acteurs se sont accordés pour noter que l’accueil est la pierre angulaire à travailler au niveau des associations pour répondre à la demande des personnes de s’engager sans y passer leur vie.

A été évoqué le statut du bénévole pour reconnaître et valoriser le travail gratuit au profit de la collectivité autour des pistes comme le crédit d’impôts pour le temps donné ou encore le passeport formation.

Louis SAADI, administrateur à l’Udaf 26 a fait part du congé dirigeant bénévole, qui offre 6 jours de formation par an. Ce dispositif est peu connu du fait sans doute que cela se résume à des congés sans solde pour le salarié.

En synthèse, trois points ouverts par Pierre MOISSET

« N’est-il pas déraisonnable de vouloir faire travailler les parents à temps plein ?« 

« Garder sa parentalité dans sa sphère privée c’est vouloir ne pas en parler.« 

« Remettre l’engagement sur la scène sociale pour en faire une œuvre reconnue par tous.« 

Une journée riche en apports, en discussions, en échanges qui va permettre à l’UDAF de la Drôme de renforcer des liens et des partenariats avec d’autres membres du réseau.

Toute l’équipe de l’Action Familiale remercie les différentes personnes pour leur présence, en amont pour l’organisation, la préparation, et pendant la journée pour avoir permis de beaux échanges.

Sources :

Enquête de l’Observatoire des Familles de l’Unaf : « Comment les familles réussissent-elles à concilier leur vie familiale avec leur vie professionnelle ? Besoins et aspirations ».

Enquête thématique de l’Udaf de la Drôme : « Articulation vie familiale, vie professionnelle et bénévolat« 

Enquête d’opinion 2023 de la CFDT et de la Fondation Jean Jaurès : « La société idéale de demain aux yeux des français »